Festival international du film d'Arras

LA CRISE DE 1929



O'Brother des frères Cohen
La crise de 1929 ou la Grande Dépression est la période de l'histoire américaine qui suivit le "jeudi noir" du 24 octobre 1929, jour où les marchés boursiers de Wall Street s'effondrèrent.
Programmation
Les évènements de cette journée déclenchèrent une crise économique mondiale qui mena à la déflation et à un accroissement significatif du chômage. Aux Etats-Unis, le capitalisme montrait ses limites et jetait dans la rue et sur les routes une population découvrant les fragilités du système. De nombreux films évoquent cette période particulièrement tragique. Ils restituent parfaitement l'ambiance mais aussi les espoirs, les combats, les luttes de ceux qui furent les victimes de l'autre face du rêve américain.

Le cinéma de la Grande Dépression

Le cinéma américain des années 30 qui correspond à l’age d’or des grands studios doit assurément quelque chose à la Grande Dépression. Malgré un taux de chômage approchant les 25% de la population active en 1933, les salles vont se remplir. Le cinéma constitue alors un loisir peu onéreux qui offre aux spectateurs des images consolantes de rêves et d’évasion. Films musicaux, comédies, mélodrames, drames exotiques, grands spectacles historiques, aventures flamboyantes permettent d’oublier la triste réalité du quotidien.

Cependant, tous les films hollywoodiens n’ignorent pas la réalité sociale de l’époque. D’inspiration réformiste, les productions de la Warner privilégient les sujets tirés de l’actualité. Elles brossent un portrait réaliste de l’Amérique des années 30. Little Caesar (Mervyn LeRoy, 1931) et L’Ennemi public (William A. Wellman, 1931) décrivent sans complaisance les milieux de la pègre et feront date dans l’histoire du film criminel. Il ne s’agit pas seulement d’exploiter les méfaits de la crise comme le gangstérisme mais aussi de délivrer un discours d’émotion et d’indignation, teinté d’un profond humanisme. Je suis un évadé (LeRoy, 1932) dénonce les injustices du système carcéral, Wild boys on the Road (Wellman, 1933) les drames de la Dépression.

Face au dirigisme étatique de la politique du New Deal, un cinéaste comme Franck Capra oppose l’entreprise solitaire de quelques héros ordinaires décidés à bousculer le fatalisme de l’époque. "Le rêve américain", nous dit-il, "ce n’est pas l’argent mais le bonheur et la liberté". Pourtant, lorsqu’il réalise en 1946 La Vie est belle, le cinéaste semble touché d’une profonde amertume. Son personnage George Bailey passe pour un dangereux rêveur. On voit dans ce film merveilleux, emprunt d’un humanisme sincère, une très belle description de l’Amérique des années 20 et 30. La panique qui s’est emparée du pays lors du Jeudi noir y est parfaitement relatée. Deux autres films nous laissent aujourd’hui un témoignage unique sur ce que fut cette période de la Grande Dépression.

De nombreux chefs d'oeuvre

Premier film sonore (mais presque entièrement muet) de Charles Chaplin, Les Temps modernes (1936) reprend le personnage de Charlot, le vagabond devenu ouvrier, qu’il plonge dans l’enfer du taylorisme. L’organisation de l’entreprise pour une bonne rationalité et une meilleure rentabilité est aux yeux du cinéaste la cause première de la crise. Devant cette déshumanisation du travail, Charlot incarne le refus. Il perd son emploi et découvre les réalités de l’époque. Chaplin nous montre les bidonvilles, les problèmes que rencontrent les individus pour survivre, et surtout, il filme la répression qui s’abat sur les victimes du système. Peu de films de cette période ont montré comme Les Temps modernes l’agitation sociale qui grondait dans le pays.

On retrouve cette révolte des malheureux et sa répression inévitable dans Les Raisins de la colère (1940) de John Ford. Cette adaptation du célèbre roman de John Steinbeck évoque le destin d’une famille de paysans contraints de quitter leur terre et de se lancer sur la route à la recherche d’un monde meilleur. Arrivés en Californie, ils découvriront que le rêve américain n’est qu’une illusion. Exploitation, rejet, mépris, sont leur lots quotidiens. Ce combat pour la "dignité" (terme régulièrement employé dans le film) d’hommes et de femmes provoque le réveil d’une conscience collective qui débouche inévitablement sur la création de groupements de syndicats.



Les Raisins de la colère de John Ford

Après la Seconde Guerre Mondiale qui eut un rôle moteur essentiel dans la reprise économique, commence une nouvelle période de prospérité. L’Amérique qui vient de vaincre l’Allemagne et le Japon se veut triomphante. Elle se lance dans la guerre froide et chasse ses ennemis de l’intérieur. "The American Way of Life" devient la nouvelle forme du rêve américain.


Programmation

Les Temps modernes
de Charlie Chaplin

Mon homme Godfrey
de Gregory La Cava

Les Raisins de la colère
de John Ford

Les Voyages de Sullivan
de Preston Sturges

La Vie est belle
de Frank Capra

Bonnie and Clyde
d'Arthur Penn

On achève bien les chevaux
de Sydney Pollack


Bertha Boxcar
de Martin Scorsese

Le Facteur sonne toujours deux fois
de Bob Rafelson

Honkytonk man
de Clint Eastwood

La Rose pourpre du Caire
de Woody Allen

Des souris et des hommes
de Gary Sinise

King of the hill
de Steven Soderbergh

O' Brother
de Joel et Ethan Cohen