Festival international du film d'Arras

LE CINEMA DE JERRY SCHATZBERG

Spécialement venu de New York pour l’occasion, le cinéaste Jerry Schatzberg a accepté de participer aux festivités de cette quatrième édition du Festival d’Arras, centré autour du thème "L’Autre Amérique". Opportunités uniques pour les cinéphiles du Nord ou simples curiosités pour les amateurs, les deux rencontres de Jerry Schatzberg avec le public arrageois sont en tout cas restées parmi les meilleurs moments du festival. Revoyons le parcours du cinéaste dans la capitale artésienne…

Vendredi 14 Novembre 2003, 14 heures.

Les Arrageois se sont déplacés en masse dans l’amphithéâtre Churchill de l’Université d’Artois. C’est en effet là que doit être donnée la leçon de cinéma de Jerry Schatzberg, réalisateur célèbre de Panique à Needle Park ou L’Epouvantail.

Pourtant, la majeure partie des gens présents n’ont aucune idée de l’apparence physique de l’artiste ; tout juste peut-on deviner son âge d’après la brochure, c’est à dire 76 ans... Et puis le directeur du Festival Eric Miot s’avance, suivi discrètement d’un homme portant casquette et lunettes noires. Les gens s’interrogent : lui, pas lui ? Oui c’est lui : l’homme salue la foule d’un petit geste de la main, et s’assoit calmement aux côtés d’Alain Garel, historien du cinéma, qui fera office d’animateur durant la leçon.

Exercice réputé difficile, Schatzberg délivre néanmoins une leçon de cinéma passionnante. A travers des extraits de ses films, le réalisateur évoque son approche du cinéma et de sa méthode : ainsi voit-on quelques scènes de Portrait d’une enfance déchue et de Panique à Needle Park. Jerry Schatzberg expliquera également ses choix artistiques autour de la célèbre scène d’ouverture de L’Epouvantail, ou encore comment il a révélé Morgan Freeman dans La Rue. Le public applaudit à la fin, et souhaite désormais découvrir son travail. Une séance de rattrapage exceptionnelle est prévue le soir même, avec la projection de son dernier film, The Day the ponies come back, mettant en vedette le comédien français Guillaume Canet.
Vers 21 heures, la salle pleine à craquer accueille comme il se doit Jerry Schatzberg, accompagné du directeur de la photographie Bruno de Keyzer. Les deux hommes présentent brièvement le film avant que ne débute la projection, en promettant de retrouver le public juste après pour un échange de questions réponses. Une heure et demie plus tard, le public est séduit par cette jolie chronique douce-amère d’un quartier de New York, et le montre par de chaleureux applaudissements. Mais la magie de cette soirée ne s’arrête pas là...

En effet, alors que défile sur l’écran le générique de fin sous fond de musique gospel, Guillaume Canet arrive en personne rejoindre sur scène Jerry Schatzberg et Bruno de Keyzer. Les flashs crépitent, les applaudissements redoublent d’intensité, quelques filles hurlent "Guillaume !!".

Visiblement content de retrouver celui qui lui a offert une de ses premières expériences américaines, Guillaume Canet ne tarira pas d’éloges sur le talent du cinéaste : "Quand mon agent m’a dit que Jerry Schatzberg souhaitait me rencontrer pour son prochain film, je lui ai demandé si ce n’était pas une blague. Pour moi, il fait vraiment partie du cercle des meilleurs réalisateurs américains de tous les temps, si ce n’est des meilleurs réalisateurs tout court".

Les deux artistes parleront un long moment de leur collaboration, devant un public un peu hébété mais visiblement conquis par la personnalité si attachante de Schatzberg associée à la fougue du jeune comédien français. Les deux hommes prennent d’ailleurs plaisir à discuter avec les festivaliers ; et même si Guillaume Canet doit repartir le soir même sur Paris, il est visiblement heureux de consacrer sans compter son temps pour parler de l’une de ses idoles…

Pourtant, les meilleures choses ont une fin... Après une heure de questions réponses, Jerry Schatzberg salue le public, sous un tonnerre d’applaudissements. Et grâce aux nombreuses retransmissions de ses oeuvres prévues dans le cadre du festival, le réalisateur américain aura fortement imprimé de sa présence et de son talent cette quatrième édition.